Relax guy, take it easy !

*Officier à la Crim' du NYPD*

Un coup de plus manqua de lui décrocher la mâchoire, et Nate cligna plusieurs fois des yeux avant de réussir à retrouver une vision normale. Celle là avait été particulièrement violente, plus encore que les quatre précédentes. Il sentit un peu de sang couler de sa lèvre, et leva les yeux vers le bandit qui l’avait ligoté sur la chaise. Il était dans une chambre de motel pourri, à la merci de ce type qui semblait vouloir tout sauf son bien, accompagné bien entendu de quelques lascars qui se délectaient du spectacle. Une forte poigne s’empara de ses cheveux, et Nathaniel sentit sa tête tirée en arrière, et il aurait bien voulu dire quelque chose mais on ne lui en laissa pas le temps. Un poing cogna sans retenue son ventre, et il eut quelques instants le souffle coupé.

- La prochaine, ça sera plus bas encore. Alors dis moi maintenant, pourquoi t’as buté mon pote ?

Il ne savait même pas qui était son ami en question. Et puis, cette affaire remontait à loin, sans doute, si c’était bien lui le responsable de la mort du gars en question. Puisque le dernier mec qu’il ait buté était affaire de longue date. Nate grimaça tout en se redressant, et tenta de rassembler ses esprits. Pour l’instant, il n’avait pas grand chose à faire si ce n’est parler.

- J’sais pas de qui tu me parles, j’sais pas de quoi tu me parles, mais une chose est sûre, t’as des goûts de chiotte en matière de chambre d’hôtel.

Et vlan, un coup de pied en plein dans les couilles. Après un « putain » étouffé par la douleur, Nate se plia en deux sur sa chaise, et serra la mâchoire. S’il était incapable de ressentir la moindre émotion, la douleur, elle, était violente. Bon, il allait devoir miser sur autre chose que son sens de l’humour, ces types là n’avaient pas l’air d’en avoir. Lorsque l’élancement se dissipa un peu, Nathaniel se redressa, et observa autour de lui, en quête d’une idée. Et il parla encore une fois avant de réfléchir.

- On pourrait pas en discuter autour d’un verre, ici ça craint vraiment.

Quand le poing du mec se leva, prêt à s’abattre sur lui, Nate se recroquevilla du mieux qu’il put en fermant les yeux, prêt à attendre le choc. Il lança néanmoins, dans l’espoir d’avoir un répit :

- Attends, attends ! Que je comprenne. Tu crois que j’ai buté un mec, un de tes potes si j’ai bien compris. Alors dis-moi, qu’est ce qui te fait croire que c’est moi le responsable ?

L’autre sembla perdre patience, car il se pencha vers lui, et lui parla en s’approchant si près de son visage que le flic en grimaça. C’est que ce type n’avait pas vraiment bonne haleine.

- Parce que j’t’ai vu le buter, connard.
- Ah, ceci explique cela. T’es sûr d’avoir bien vu parce que ---

Il ne put prononcé la suite, car un violent coup venait d’à nouveau lui couper le souffle. Ces gars là, ils n’en avaient jamais marre de cogner, c’était vraiment extraordinaire. Il demanderait un jour qu’on lui explique en quoi frapper des gens avait un coté plaisant. Mais là, ça n’était pas le plus urgent. Car monsieur le criminel venait de sortir son arme, et la braquait à présent sur sa tempe. Il contempla un instant le canon du revolver, sourcils haussés, puis se concentra à nouveau sur le type qui lui faisait face, sentant au passage que sa bande de voyous semblait enfin trouver que la situation devenait intéressante.

- Ecoute mec, tu devrais commencer à avoir peur, et tu ferais bien d’ensuite me dire ce que je veux entendre, sinon ça va mal finir pour toi.

Nate eut un air navré.

- Désolé, mais ça, ça va être chose impossible. Je souffre d’ataraxie, alors flipper et tout ça … c’est pas vraiment mon fort. Mais je peux faire semblant.

L’autre perdit définitivement patience, et décida, après avoir armé le revolver, de compter jusqu’à dix. 1, 2, 3 … Nathaniel regarda par la fenêtre, et se dit qu’il s’agissait d’une belle nuit. 4, 5, 6. Il se rendit alors compte que son estomac criait famine. 7,8,9. Il leva le regard vers l’homme armé, tandis que les autres se redressaient, ravis de savoir qu’enfin du sang allait couler, et que leur pote serait vengé. Mais il n’eut pas le temps de dire 10. Aucun coup de feu ne retentit, pourtant une balle éclata la boîte crânienne du mec qui s’écroula par terre. Ses coéquipiers subirent le même sort avant même qu’ils n’aient le temps de réagir. Et Nate se retrouva seul au milieu d’une marre de sang, ligoté à une chaise.

Puis, peu de temps après, son sauveur arriva, et il fut libéré. La CIA lui avait une nouvelle fois sauvé la mise. Etre surveillé en permanence avait du bon, finalement. On lui demanda si tout allait bien, il hocha la tête.

- J’ai faim, j’vais aller me manger un truc dans le restaurant d’à coté. Tu m’accompagnes ?

Pas d’état de choc, fidèle à lui même. Enjambant un cadavre, Nathaniel sortit, et se dirigea vers le fast-food sans même un regard en arrière. L’histoire était résolue, plus besoin d’y penser.